Origine : Mal Pertús, mauvais col. Pertús se traduit par pertuis, tunnel, trou ou col.
Proverbe: Lo rat qu’a pas qu’un pertus es lèu pres (le rat qui n’a qu’un trou est vite pris.) .
El Pertús (même signification en catalan), c’est Le Perthus, un village frontalier entre France et Espagne, lieu de ravitaillement an alcool et tabac le week-end en raison de l’appartenance de la ville aux deux pays. Ce fut aussi un point passage important de réfugiés au moment de La Retirada.
Origine : lobièra, tanière ou lieu fréquenté par des loups
Les références au loup ne sont pas rares en toponymie. Mythe ou réalité ? Il y a sûrement bien longtemps qu’on n’a vu de loups sur la Serre, mas qual sap ? Il paraît qu’ils reviennent.
En tout cas, les expressions liées au loup ne manquent pas. En voici quelques unes, tirées de « glossaire des comparaisons populaires du Narbonnais et du Carcassez » d’Achille Mir et de « le trésor des mots d’un village occitan » d’André Lagarde :
Conegut coma lo lop blanc (connu comme le loup blanc). Urlar coma un lop (hurler comme un loup).
De quelqu’un de peu vaillant, on dira « A las còstas faitas en long coma un lop», et si l’on dit : A vist lo lop, en occitan, ça n’a pas la même signification qu’en français, c’est qu’il est aphone.
Proverbes : En ostal de lop non botes ta carn (en maison de loup ne mets pas ta viande)
Quand lo lop es mòrt las fedas i manjan las ancas (quand le lop est mort, les brebis lui mangent les fesses).
Si l’on cherche un objet qui est sous ses yeux : S’èra estat lo lop, te manjava (si ça avait été le loup, il t’aurait mangé).
En Minervois, les références à la vigne en toponymie ne sont pas si nombreuses. Il faut se souvenir que, si sa culture remonte à l’antiquité, sa monoculture est récente. Les micro-toponymes, dont l’origine remonte (par l’oralité) très loin dans le temps, ne lui ont donné que l’importance qu’elle avait à l’époque. On trouve bien vignasse, vignal, les mailleuls (jeune vigne), mais les toponymes se rapportant à l’élevage sont plus nombreux chez nous. Par contre, littérature et traditions populaires lui font la part belle.
Quelques proverbes :
Es en plan fasent son mestièr qu’òm se crompa de vinhas (c’est en faisant bien son métier qu’on s’achète des vignes) La vinha de mossur Francés : bèla mòstra e de rasims pas ges (la vigne de Monsieur François, belle apparence et pas de raisins)
Vòlon ganhar la vinha de mossur d’Usès, se dit de jeunes mariés qui fondent sur leur union de grandes espérances. Mais aux premiers nuages qui apparaîtront dans leur couple, on dira : « pèrdre la vinha » (perdre la vigne).
Achille Mir a consacré un long poème intitulé « La bigno » que l’on peut lire en graphie originale en cliquant ici . En voici un extrait :
Que d’autres canten les boscatges Les aucèls als polits ramatges Les prats de colors mirgalhats Las fonts plenas d’aigas argentadas … Per ieu canti nòstre arbuste Amb son ruscós e laid buste E sos gavèls e sos andòts … Salut ! Soca tota gambèrla ! Salut o preciosa pèrla … L’òme aicí t’adòra e t’encensa Car siás sa còrna d’abondença
Que d’autres chantent les bocages les chants d’oiseaux les prés colorés, les sources argentées moi je chante notre arbuste au buste laid et rugueux ses sarments et ses ceps. Salut souche difforme, ô précieuse perle, l’homme d’ici t’adore et t’encense car tu es sa corne d’abondance.
En occitan torrar, comme en espagnol ou en catalan, c’est rôtir, griller, mettre au four. Mais ça peut aussi signifier geler à pierre fendre, la torrada, c’est la forte gelée, contrairement à l’albièra qui est la gelée blanche.
On dit aussi bien « tomba un solelh de plomb que torrariá de favas » (il tombe un soleil de plomb qui rôtirait les fèves), que « An de torrada, ièra granada » (an de gelées, aire grainée).
Ce domaine est cité comme un ancien prieuré (Sainte Marie de La Serre. Au IXème siècle, une dame Hermengilde donne à Wilfrid, soldat de Charlemagne, Sainte Marie de la Serre avec une mailleul (jeune vigne) à Trotocas (lieu-dit existant).
On retrouve le toponyme La Serre à La Livinière et Minerve, La Serre Grande à Saint Jean de Minervois et la Serre Mijane (moyenne) à Roubia. Et c’est également un nom de famille occitan (Serre, Serres ou Lasserre).
En occitan, la sèrra, c’est aussi la scie (la ressa ou rassega). Un ancien, par autodérision, peut dire : « resta que cinc dents a ma sèrra » (Je n’ai que cinq dents à ma scie – à la mâchoire)
Les traces d’une ancienne villa romaine sont signalées dans le dictionnaire topographique du département de l’Aude , ainsi que le nom La Chapelle Saint Jammes aux Pradels dans le compoix de 1617. Cela nous rappelle l’origine romaine de Pépieux, mais aussi ultérieurement, la présence de nombreux édifices religieux
Le toponyme Prat (avec ses dérivés) est fréquent en Occitanie (Prat de Cest, Pradelles, Prades-le-Lez) . En Minervois, on trouve entre autres Pradels (Azille), les Pradels (Azillanet, La Caunette, Pépieux), La Prade (La Caunette, Olonzac) Prat Majou le plus grand pré (Laure) Prat Quilleran, (Azillanet), du nom de famille Quillery (Hamlin) ou Prax (Caunes, Argeliers). Cela nous rappelle qu’avant la monoculture de la vigne, le Minervois était zone de polyculture, en particulier d’élevage, et que les bonnes terres produisaient le fourrage pour les bêtes ; c’était des prés ou prats, petits (pradelle, pradeta) ou grands (pradassa). Cela a aussi donné les noms de famille Prat, Pradal, Pratx ou Prax.
Les proverbes nous disent :
Jamai la grava a fait bon prat. (Jamais gravier n’a fait bon pré)
Un prat de cent ans es encara un enfant. (Un pré de cent ans est encore un enfant.)
D’où l’expression : vièlh coma un prat (vieux comme un pré).
Les toponymes en canta sont fréquents : Cantaussel, cantemerle, cantarana, cantacoyol, cantagril, canteloup etc. La toponymie a longtemps donné pour origine canta, chante, vu que souvent suivait un nom d’oiseau (l’oiseau, le merle, la grenouille, le coucou), le grillon peut-être, mais le loup? Hamlin, lui, l’associe à une origine celte canto = brillant.
Astor privilégie la racine pré-indoeuropéenne kant, rocher (que l’on retrouve dans un ancien terme occitan). Cette hypothèse est aujourd’hui admise, cantalauseta étant le rocher de l’alouette, ou tout simplement son lieu de prédilection. Il n’empêche qu’il sera toujours agréable d’imaginer le chant de l’alouette, du merle ou du lièvre (!) donnant son nom à la terre qui l’a abrité. Surtout que la lauseta, c’était le messager des troubadours chantant l’amour :
Quan vei la lauzeta mover de joi sas alas contra-l rai que s’oblid’e-s laissa chazer per la doussor qu’al cor li vai
(Quand je vois l’alouette, de joie agiter ses ailes contre le rayon [du soleil], qui s’oublie et se laisse tomber à cause de la douceur qui pénètre son cœur)
Bernard de Ventadour (1125-1200)
Et n’oublions pas que :
Val mai lauseta dins lo plat Que catla liura dins lo blat.
(Il vaut mieux une alouette dans le plat qu’une caille libre dans le blé.)
Joan de Cantalausa, c’était Louis Combes, un prêtre occitaniste, pédagogue et écrivain, traducteur de Kipling, surtout connu pour son Diccionari Occitan General.
Origine : gîte du blaireau, de tais, taisson, le blaireau.
On a des loubières comme on a des teissonièras, lieux sauvages et écartés où seuls les blaireaux et les loups peuvent vivre. Ces lieux n’en sont pas moins devenus des zones agricoles et des centres urbains (Astor, dictionnaire des noms de lieux du midi de la France). Ici, ce sont bien des vignes qui occupent le terrain.
Le tais, animal très bourru et assez gros, a fait naître les expressions:
Gras coma un taisson. Negre coma un taisson. (gras, noir comme un blaireau)
Bufar coma un taisson, c’est être essoufflé.
Claude Marti chante la noce du blaireau :
A la nòça del taisson Tres candèlas, tres candèlas, A la nòça del taisson Tres candèlas, un pibol !
I aviá de monde conegut : L’estacat de jos-prefectura, Lo destacat de lanturlura E lo pesolàs revengut !
(A la noce du blaireau, trois chandelles un peuplier. Il y avait de gens connus: l’attaché de sous-préfecture, le détaché d’on ne sait où et le pou – le fier à bras – revenu ! )
Cette maison perdue dans la garrigue est aujourd’hui devenue un gîte. La frigola o farigola, en occitan, c’est le thym (thymus vulgaris), utilisé en cuisine comme en pharmacopée. On le dit antiseptique puissant et antiviral, certains l’utilisent pour soigner les gastros, mais aussi les rhumes et infections respiratoires.
Ce dont on se souvient moins, c’est que le premier mai, on en fixait un bouquet sur la porte des jeunes filles (les sorcières parait-il, faisaient entrer cette plante dans nombre de philtres d’amour), d’où le proverbe :
Origine : lenha, bois à brûler (à noter qu’André Pégorier, dans « Les noms de lieux en France », note que « laigne » signifie « bois » en ancien français).
Ce tènement, actuellement planté de vignes, a probablement par le passé été couvert de bois.
Le proverbe nous dit :
Lo que se vòl calfar lo cuèr Garda sa lenha per l’ivèrn. (Celui qui veut se chauffer le cuir garde son bois pour l’hiver.)
Et en Provence on connaît le dicton :
Quau per Calenda se solelha Per Pascas brutla sa lenha. (en français Noël au balcon, Pâques aux tisons.)