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Pic Saint Martin

Siran

(CC BY-NC Yves Séguier)

(Pic Sant Martin en occitan)

Saint Martin, fêté le 11 novembre, est un saint souvent révéré dans la région. La Saint Martin était un moment important dans le monde vigneron, c’était le moment où se louaient les valets de ferme (fin et renouvellement des contrats). C’était aussi l’époque où l’on fermait les tonneaux contenant la vendange de l’année, après avoir goûté le vin nouveau:

Per Sant Martin, tasta ton vin. S’es bon tapa-lo se que non dona-li camin.
Pour saint Martin, goûte ton vin, s’il est bon ferme-le sinon donne-lui chemin .

Saint Martin est connu pour avoir aidé les pauvres, et a toujours été proche du milieu paysan. Il se déplaçait souvent avec un âne, et un jour où il se reposait, celui-ci se détacha et alla se repaître de pousses de vigne. Les viticulteurs furent très en colère, et Saint Martin, tout évêque qu’il était, dut s’excuser. Mais l’année suivante, ces vignes donnèrent beaucoup plus de grappes que les autres. La poda, la taille, venait d’être inventée. Voilà pourquoi, en beaucoup de régions viticoles, Saint Martin est révéré.

«Ase poda, Dieu fa lo vin.» dit le proverbe
(L’âne taille, Dieu fait le vin.)

Encore aujourd’hui, des vieux vignerons disent: «podar es pas complicat, un ase ba fariá». Réminiscence du compagnon du saint qui fut, dit-on lo primièr podaire?

Une pensée pour tous ceux qui affrontent le froid pour tailler leurs vignes:

Ai podat l’ama tranquilla en pensant al vin que fasiam venir Lo pintaràn a la vila Sens pensar qu’aicí nos fa tresfosir ! 

J’ai taillé l’esprit tranquille en pensant au vin que nous faisions venir, on le boira en ville sans penser qu’ici il nous fait trembler.
(los Podaires, collecté par Laurent Cavalié et chanté par La Mal Coiffée)

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Pech de la Bade

Siran

(Puèg de la Bada en occitan)

Cela signifie la colline du guet

La bada, en occitan ancien, c’était le guet (gaita). Souvent, ce nom donné à une hauteur indique l’ancienne présence d’une tour ou d’un lieu d’où l’on observait les environs, ou simplement d’une éminence d’où la vue est dégagée sur les lointains.

Badar, en occitan, c’est guetter, mais aussi regarder bouche bée, contempler, admirer (elle le bade à lui). D’où les expressions badar coma un lausert (comme un lézard) ou coma un forn (un four). On peut aussi bader d’envie.

Tal bada que lo morcèl es pas per el.
Celui-là bade, que le morceau n’est pas pour lui.

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Lauriole

Siran

(CC BY-NC Yves Séguier)

(L’Auriol en occitan)

Le nom de Lauriole, lui-même faisant référence au nom occitan du loriot (nom de famille Auriol) mais Astor nous dit que le nom de lieu Auriol, Aurioles les Aurioles pourrait provenir de l’ancien français oriol, bord seuil, qui aurait eu un correspondant occitan, cette langue ayant gardé aurièra, bord, limite d’un champ.

Curiosité toponymique pour une curiosité touristique attirant les badauds tout au long de l’année. En effet, a vélo, en rollers, skate ou avec boules de pétanques et bouteilles d’eau, tous veulent vérifier l’étrangeté de «la côte qui monte et qui descend». Magie druidique locale ? Magnétisme ? Optique ? Les hypothèses vont bon train. Patrice Cartier en parle dans un livre auquel le lieu donne son titre: «la côte qui descend et autres diableries» dans lequel il mêle fiction et réalité pour nous faire voyager autour du Minervois.

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Centeilles

Siran

(CC BY-NC Yves Séguier)

(Centelhas en occitan)

  • ND. De Sentilhas, 1518
  • N.D. de Centeilles, 1770

Probablement dérivé de S. Eulalia avec évolution phonétique populaire

La chapelle actuelle date du XIIIe siècle, avec des ajouts de la fin du XIVe siècle et du XVe siècle . Bâtiment agricole après la révolution, classée monument historique, elle sera sauvée de la ruine après les années 60 puis réaffectée au culte. Outre des fresques des XIVe et XVe siècles, on y trouve une mosaïque du IVe siècle provenant de la Vila Sirana

Léon Cordes, né le 30 mars 1913 à Siran, a écrit un long poème: «Respelida de Centelhas» (renaissance de Centeilles) :

«Dins ta gleisa abandonada sus de frescas embrenadas, d’angèls negres la nisada vèlha sus ta retirada. Solàs del trabalhador dins la patz del terrador.»

Dans ton église abandonnée sur des fresques abîmées, d’anges noirs la cohorte veille sur ta retraite. Paix du travailleur dans la paix de la terre.

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Les Cazals

Malves

(Los Casals en occitan)

Cazal, en Languedoc, désigne généralement une cabane, une masure, une ruine. C’est le nom communément employé pour l’abri de jardin, en pierres ou bâti. Mais ça peut être le jardin lui-même, (terme plutôt béarnais).

Le toponyme habituel pour les terres réservées aux jardins potagers est plutôt Hort, Hortes. Le nom de famille Cazal, très fréquent, a la même origine.

Astor donne pour signification du toponyme et du nom de famille: bâtisse, château, bourg, masure, terrain clôturé, enclos, jardin par métonymie.

Le groupe Nadau chante «Lo Casau de Josefina»:

Lo casau de Josefina / Qu’ei un tan beròi país, / Si i a un paradís sus tèrra, /Qu’ei aquiu lo paradís.

Le jardin de Joséphine est un pays si joli, s’il y a un paradis sur terre, il est là.

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La Jasse

Malves

(La Jaça en occitan)

Cela signifie la bergerie. Ce toponyme, très fréquent, rappelle le passé d’élevage de nos régions, activité qui surpassait la culture de la vigne. A noter que l’oviculture a persisté même quand la monoculture de la vigne s’est imposée, car on avait besoin des moutons pour leur fumier!

D’une maison douillette, on dit ;
«I fa caud coma dins una jaça»
Il y fait chaud comme dans une bergerie.

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Los Peyreros

Malves

(CC BY-NC Yves Séguier)

(Las Perièras en occitan)

Ce microtoponyme signifie «les carrières de pierre» , il fait souvent références à d’anciennes exploitations de matériaux de construction ou de remblai. En effet, on utilisait les ressources locales, et on peut penser que ce type d’exploitation existait partout, même si elles n’ont pas toujours laissé de traces.

Le proverbe provençal nous dit:
«De peiras de ton endreit bastisses ton ostau.»
De pierres de ton endroit, bâtis ta maison.

Et si vous ne me croyez pas ;

«Me’n metrai pas la pèra al còl»
Je ne m’en mettrai pas la pierre autour du cou!

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Villepeyroux

Malves

(CC BY-NC Yves Séguier)

(Vila Peirós en occitan)

Mentions anciennes:

  • Alos de Vilarpeno = Vilarperio 1182
  • Vilarium Petrosum 1251
  • Nostra Domina de Vilaripeioris 1404
  • Notre Dame de Villepeyroux 1641
  • Vilepayroux 1777

Hameau commune de Malves, ancien prieuré sous le vocable Notre Dame, uni d’abord au monastère de Saint Pons puis à l’abbaye de Lagrasse.

Ici, vu les mentions latines, il semblerait que le nom vienne de Pierre, et non de la pierre. Encore qu’en occitan, comme le dit le proverbe, «un calhau es una pèira, una pèira es un calhau !». Aujourd’hui, c’est un domaine viticole, dont la qualité des vins (plusieurs fois récompensés) mérite un détour pour dégustation modérée et achats souvenirs!

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Les Cades

Argeliers

(CC BY-NC Yves Séguier)

(Los Cades en occitan)

Le Cade, c’est le genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus), qui donne des baies marron, contrairement au genévrier commun (Juniperus communis)  qui donne des baies bleutées comestibles. Il est très fréquent dans la garrigue, et on en a tiré longtemps l’òli de cade, produit répulsif et cicatrisant, mais à l’odeur nauséabonde. Aujourd’hui, on l’utilise en cosmétique contre les psoriasis et les pellicules, mais elle est fabriquée par distillation sèche, ce qui en fait un produit sans danger.

Proverbe:
Planta un cade, ne sortirà pas un euse.
Plante un cade, il n’en sortira pas un chêne (il faut se donner les moyens de ce que l’on veut obtenir).

Es estat batejat jos un cade.
Il a été baptisé sous un cade (il est protestant, souvenir de l’époque où la religion, clandestine, était pratiquée en secret).

Davalar dal cade, c’est mourir. Arrapen-nos, accrochons nous !

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La Calade

Argeliers

(CC BY-NC Yves Séguier)

(La Calada en occitan)

La calada, c’est une voie de communication renforcée par une technique ancienne à l’aide de galets ou de pierres calcaires. Dans ce cas, les pierres sont posées sur chant, sans mortier ni liant. Cette technique est employée en Provence et en Languedoc, elle permet à l’eau du sous-sol de s’évaporer et évite que l’eau de ruissellement ne creuse le chemin.

Celui qui réalise une calade est un caladièr, du verbe caladar. Faire calada, dans un groupe, c’est ouvrir le chemin. Une calade est souvent pentue, car son nom vient de l’occitan calar, à la fois caler et descendre.